« D’une manière ou d’une autre nous sommes en face d’une réalité incontestable : nous n’avons pas de tradition cinématographique vers laquelle nous tourner. Nous sommes un peuple qui s’exprime à travers la danse et la musique" disait Alfredo Guevara, le directeur et créateur de l'ICAIC ( Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos)
Faut-il voir dans cette affirmation, les germes d'un rapport de force déséquilibré entre le cinéma et les autres formes artistique ? Dans le cas de Cuba, ces mots de 1959 ont été le point de départ d'une dynamique qui a permis de développer le 7ème Art et de l'inscrire dans le paysage culturel du pays. Plus de 50 ans plus tard, le résultat est visible. De Tomas Gutierrez Aléa à Carlos Lechuga ou Sara Gomes : Cuba est un centre névralgique du cinéma dans la Caraïbe.
On peut aussi raconter l' histoire dans la région en tendant l'oreille. Harder They Come , Guantamera , Biguine, Siméon seront des étendards pour le 7ème Art mais aussi pour leur musique !
Si ce phénomène existe dans toutes les cinématographies, un lien viscéral entre la musique et le cinéma caribéen est indéniable.
Les raisons de l'importance de la Musique sont multiples : son rôle dans l'économie (comme en Jamaïque par exemple), sa identification en tant que représentation de la Culture de la région ( Buena vista social club a montré comment la musique "latine" fait partie des images d'Epinal de La Havane) ou sa place centrale dans le quotidien.
Comme souvent les réponses sont dans la filmographie des figures tutélaires. Quand Euzhan Palcy réalise Siméon, ce qui aurait pu être une simple comédie fantastique doublée d'une success story d'un groupe devient immédiatement un hommage à toute l'histoire de la musique antillaise. Elle y convoque les contemporains du Zouk alors à son apogée mais aussi les légendes disparues de la biguine. .. On retrouve alors l'une des caractéristiques de son cinéma : être celle qui témoigne, celle qui valorise et qui célèbre .
Peut-être est ce un message que nous pouvons attribuer à beaucoup de nos films ? Le cinéma caribéen se donne l'obligation de célébrer sa culture ... et forcément sa musique.
Friedrich Nietzsche
A suivre