Alors que le Festival de Cannes 2024 poursuivait son rituel habituel, en enchaînant les œuvres de réalisateurs renommés d'Occident et d'Asie, la Caraïbe restait étrangement absente, tapie dans l'ombre de son anonymat.
C'est dans l'écrin de la salle Agnès Varda que le miracle se produisit. Est ce un hasard si une salle dédiée à la réalisatrice française qui a allègrement jonglé entre documentaire et fiction devait être la rampe de lancement du nouveau film du réalisateur haïtien ?
C’est encore Raoul Peck. Lui qui avait récemment frappé les esprits avec I Am Not Your Negro, un portrait vibrant du poète visionnaire James Baldwin, revient cette fois avec un autre hommage, non pas à un écrivain, mais à un photographe. Et pas n'importe lequel : un photographe sud-africain, Ernest Cole. Une figure emblématique qui, à travers son objectif, a capturé l'âme de son pays et la réalité implacable de l'apartheid. Un destin singulier qui s'est achevé en 1990, dans les rues de New York.
"Ce qui m'intéresse dans les films que j'accepte de faire ce sont les différentes couches que comporte le projet", a confié Peck lors d'une discussion. Ernest Cole Photographe en est un parfait exemple. Il y est question de positionnement politique, d'exil, de création artistique...
À travers le destin tragique de cet artiste, Peck offre une réflexion intime, mais profondément universelle, sur l'art, l'attachement à la terre natale, l'engagement politique, et la mémoire. Autant de thèmes qui traversent l'ensemble de son œuvre.
Nous y reviendrons bientôt.