La Guyane s'envole en suisse

Alors qu'Ariane 6 file vers les étoiles, le cinéma guyanais continue à se structurer, à s'inventer et à faire entendre sa voix sur les places fortes du cinéma mondial.

Déja le festival de Cannes 2024 avait été marqué par une présence d'une délégation active composée de réalisateurs, de productrices, d'administratifs de la Culture de la Collectivité et d'élus. C'est l'image d'un pays déterminé à jouer collectif pour permettre la mise en évidence de leurs oeuvres et de leurs auteurs-trices tout en cultivant une humble posture d'apprentissage.

Quelques mois plus tard, c'est en Suisse et l'occasion du prestigieux festival de Locarno que l'on entendra parler de la Guyane et cette fois avec des films !

Terre de tournage mais aussi de collaboration, TRANSAMAZONIA de la réalisatrice Sud-Africaine Pia Marais (déjà remarquée pour Layla en 2014 à Berlin) y fera sa première. Tourné en Guyane, Co produit par ALDARA Films (de la dynamique présidente de la GCAM Murielle Thierrin). Nous sommes impatient de découvrir l'histoire de cette fille de missionnaire qui survit à un accident en pleine foret amazonienne et qui deviendra guérisseuse des années plus tard !

Notre impatience est aussi celle de la découverte du premier long métrage de Maxime Jean Baptiste. On se rappelle encore du somptueux " Ecoutez le battement des images " co réalisé avec sa soeur Audrey. Un film nommé aux Césars et qui nous avait transporté dans une drive poétique et politique à Kourou !

Avec KOUTE VWA, il s'agira de mémoire, d'une tragédie avec la disparition d'un jeune homme de 18 ans, de deuil ... On trépigne à l'idée de découvrir cette oeuvre personnelle.

Félicitations et rendez vous ici pour de prochaines nouvelles de l'Amazonie.

GENESE D'un NOM

Nommer un lieu, c’est comme le baptiser. C’est espérer que ce nom l’accompagnera vers le plus beau des destins, c’est rendre hommage à ceux qui nous ont précédés ….

Cet espace digital est né d’une impérieuse envie de rendre compte du cinéma de la Caraïbe mais plus globalement de notre amour du 7ème Art. Mettre en évidence les films, mais aussi ceux-celles qui les font, ceux -celles qui les inspire.

Faire référence à un film, à une salle , à un réalisateur-trice : autant de chemins que nous avons tenté d’emprunte . A chaque fois la certitude d’être sur la bonne voie faisait place au doute, aux questions. …

Un jour, une évidence s’est imposé ! Comment vous la raconter ?  Partons : de nos inspirations . La Caraïbe , le 7ème Art mais aussi cette notion de connexion, de Relation comme aimait à l’évoquer Édouard Glissant . 

13 Février 2003: Building 7, Fernandes compound, Laventille, Port of Spain, Trinidad

Le Studio Film Club ouvre ses portes et propose aux trinidadiens-ennes : un club hebdomadaire ou ils pourront voir gratuitement des œuvres caribéennes mais aussi des réalisations du monde entier en version Originale.

Les 3 premiers films programmés : Harder They come de Perry Henzell – Les Glaneurs et la Glaneuse d’Agnès Varda et Ghost Dog de Jim Jarmusch.

Dès les premiers jours, le ton était donné : un ancrage fort dans le cinéma de la région, une cinéphilie assumée, une attention autour des nouvelles œuvres .

13 ans plus tard : 180 films présentés, des collaborations avec le Trinidad and Tobago Film Festival, des artistes invités, des avants premières, des after party mémorables : Voici le bilan chiffré de cette aventure …. Mais vous le savez l’essentiel est ailleurs : dans la Rencontre entre les films et le public .

Souvent les histoires ont des héros .. Ici nous parlerons d’initiateurs, de déclencheurs : Le Studio Film Club a été créé par deux artistes peintres. Le premier est trinidadien : Che Lovelace de son vrai prénom Cheick Sedar . En hommage à Léopold Sedar Senghor et Cheick Anta Diop .. Un clin d’œil à la littérature …

Le deuxième est canadien: Peter Doig a vécu longtemps à Trinidad expose dans les plus grands musées du monde. Son œuvre est riche en citation de la peinture , mais aussi du cinéma .. De la Caraïbe .

Peter Doig, Baad asssss Cinema (2005)

Que cela soit ces artistes qui deviennent les passeurs du 7ème Art , que la musique résonne après les séances , que les barmen dansent avec les clients , que Peter Doig revisite les affiches des films programmés en créant de véritables œuvres, que Jean-Luc Godard, Akira Kurosawa côtoie Isaac Julien, Horace Ové ou Euzhan Palcy … Notre rêve d’un cinéma qui brise les frontières se réalise. …

Au-delà des mots : l’évidence s’impose. Le NEW CARIBBEAN STUDIO FILM CLUB prendra le relais et gardera allumée la flamme de notre passion commune…

Le retour du maestrO

Alors que le festival de Cannes 2024 suivait le cours de sa tranquille répétition d'oeuvres de réalisateurs reconnus d'Occident et d'Asie, la Caraïbe étrangement absente était tapie dans l'ombre de son anonymat .

C'est dans l'écrin de la salle Agnès Varda que le miracle se produisit. Est ce un hasard si une salle dédiée à la réalisatrice française qui a allègrement jonglé entre documentaire et fiction devait être la rampe de lancement du nouveau film du réalisateur haïtien ?

Raoul Peck avait récemment marqué le monde du cinéma avec I am not your Negro. Il s'agissait d'un portrait du poète visionnaire James Baldwin. Cette fois, il nous propose celui d'un photographe . Un photographe mais d'Afrique du Sud ! Une icône qui a incarné à travers son objectif : son pays et la vie au temps de l'apartheid. Un destin unique qui se termina dans les rues de New York en 1990 .

"Ce qui m'intéresse dans les films que j'accepte de faire ce sont les différentes couches que comporte le projet" dira le réalisateur dans une discussion. Ernest Cole Photographe" en est l'exemple parfait . On y parle positionnement politique, exil, création artistique ...

Dans le destin tragique de cet artiste, c'est une réflexion intime mais si universelle sur l'art, sur l'attachement à son pays , l'engagement politique... la mémoire Autant de sujets qui traversent l'oeuvre de Raoul Peck.

Nous y reviendrons bientôt .